France Culture a récemment diffusé un épisode de "La conversation scientifique" consacrée au langage, s’appuyant sur l’étude des chiens : Ferons-nous un jour parler les chiens ? avec Anne-Lise Giraud, neuroscientifique, spécialiste du langage et de ses pathologies.

Les chercheurs rappellent que les ancêtres des chiens, les loups, se sont progressivement rapprochés des humains en dépassant leur peur. Cette hypersociabilité de certains individus serait à l’origine de la domestication. Par la suite, une sélection opérée par les humains a conduit à une spécialisation des chiens selon leur utilité (chasse, garde, compagnie, etc.).

Les chiens constituent ainsi un modèle particulièrement intéressant pour l’analyse de la neurobiologie du langage. Leur proximité historique et affective avec l’humain a favorisé une réelle appétence pour les interactions langagières. Ils permettent notamment de distinguer les mécanismes de production de la parole et ceux de sa compréhension.

Il convient toutefois de souligner une limite importante : chiens et humains ne partagent pas le même rythme langagier, en particulier dans le découpage syllabique, ce qui complique la compréhension du langage oral humain par les canidés.

Certaines expériences montrent néanmoins que des chiens entraînés peuvent utiliser des boutons-poussoirs, chaque bouton correspondant à un mot. Le chien Bunny, par exemple, dispose d’une centaine de boutons lui permettant de « composer » des énoncés, même si la question de la compositionnalité réelle de ces productions reste débattue. Le lexique est enrichi en fonction des usages observés : après des séquences comme « nuit » + « parler » + « drôle », le mot « rêve » a ainsi été ajouté.

Bien que cette émission ne traite pas directement du handicap, l’utilisation de ces boutons-poussoirs évoque fortement les systèmes de communication alternative et augmentée, notamment les pictogrammes, utilisés auprès de personnes privées de langage oral afin de leur permettre de construire des phrases et d’exprimer leurs besoins.